[1] Selon le directeur du Conseil Coton Anacarde cité par La Libre Afrique le 6 mai.
[2] Le Courrier du Vietnam, 6 août.
[3] news.abidjan.net
[4] Agence Ecofin.
Nous venons tout juste de recevoir un conteneur de noix de cajou biologiques et équitables de notre producteur burkinabè Coopake. Pour les détaillants comme pour les consommateurs, le prix pourrait sembler élevé par rapport aux noix de cajou sans certification Fairtrade, et peut-être vous demandez-vous pourquoi.
Ces cajous correspondent à la récolte 2020 : les noix entières sont stockées et seront décortiquées durant les mois suivants. La pandémie a eu plusieurs conséquences pour les producteurs de cajous et nous en verrons les détails dans cet article.
La principale zone de production des cajous est l’Afrique de l’Ouest, et leur transformation se fait majoritairement en Asie. Le moment de la dernière récolte a coïncidé avec le pic de la première vague de la pandémie au printemps.
En mai et juin 2020, les entrepôts étaient donc pleins, mais les usines asiatiques étaient à l’arrêt. L’offre étant considérable et la demande quasi nulle, les prix ont donc dégringolé. Sur le marché international, les contrats négociés à 1400 $US par tonne ont chuté pour se situer à 900 $US [1].
En Côte d’Ivoire, plus gros producteur mondial de cajous, le gouvernement fixe le prix à payer aux producteurs à 400 FCFA. Cependant, comme en témoigne un producteur au journal La Croix : « avec la crise, les intermédiaires qui viennent au village nous proposent 200 à 300 FCFA le kilo ». Mais nécessité fait loi, selon un autre producteur : « Pour résorber mes dettes j’ai été obligé d’accepter le prix de 300 FCFA le kilo. Mais c’est comme s’ils étaient venus me voler. »
Les cajous constituent souvent la seule source annuelle de revenus des producteurs, soit de 2000 à 2500 $CA. C’est avec ce revenu que leurs familles doivent composer pour les dépenses de santé, éducation, logement, etc. Une diminution, même minime, de cet apport déjà maigre peut s’avérer catastrophique.
À l’été 2020, le gouvernement ivoirien annonce un très gros contrat négocié avec le groupe vietnamien T&T, spécialisé dans l’import-export de la noix de cajou [2]. Le prix payé aux producteurs, fixé par le gouvernement à 400 FCFA, sera respecté [3]. Cependant, ce contrat représente seulement environ 20 % du volume qui sera acheté aux producteurs pour l’exportation. Les 80 % restants échappent probablement à la vigilance des autorités et sont achetés à un prix dérisoire, comme en témoignent les producteurs.
Du côté de notre partenaire, la Coopake, située au Burkina Faso, pays voisin de la Côte d’Ivoire, les producteurs ont reçu cette année 475 FCFA par kilo. Cela représente de fait près du double du prix offert sur le marché local, de 250 à 300 FCFA. En comparant au contrat négocié entre le gouvernement ivoirien et le groupe T&T, on arrive même à 20 % de plus.
Et ceci ne représente que la partie concernant la négociation des noix brutes. Nous avons déjà évoqué dans un de nos articles de blogue (février 2020) les conditions de rémunération et de travail déplorables dans les unités de décorticage des noix. Au final, même si une noix de cajou biologique et Fairtrade coûte 30 % ou 40 % plus cher qu’une noix de cajou non Fairtrade, cela vaut la peine en tant que consommateur de considérer les faits.
Les noix de cajou biologiques Umano certifiées Fairtrade, c’est :
Chez Umano et pour plusieurs détaillants, nous choisissons de réduire notre marge de profit pour offrir le produit à un meilleur prix pour les consommateurs. Nous vendons aussi principalement des noix de cajous en morceaux plutôt qu’entières pour compenser le surcoût de l’équitable. La qualité et le goût du produit sont les mêmes, c’est essentiellement l’aspect visuel, imparfait, qui change. Quand on broie les cajous pour ajouter du crémeux à une recette végane, par exemple, l’apparence compte peu!
Notes
Pour rédiger cet article, nous avons compilé des articles de diverses sources directes (coopérative de producteur) et de la presse spécialisée (Agence Ecofin, news.abidjan.net, La Libre Afrique, La Croix, Le Courrier du Vietnam) en nous concentrant sur la récolte 2020 du cajou en Côte d’Ivoire. Le choix de la Côte d’ivoire n’est pas anodin, puisqu’il s’agit du plus gros producteur mondial avec un volume estimé cette année à près de 900 000 tonnes [4]. En fait, ce pays est le plus gros producteur mondial, mais exporte 90 % de ce volume sous forme de noix en coques qui seront transformées en « amandes de cajou », principalement en Inde et au Vietnam.
[1] Selon le directeur du Conseil Coton Anacarde cité par La Libre Afrique le 6 mai.
[2] Le Courrier du Vietnam, 6 août.
[3] news.abidjan.net
[4] Agence Ecofin.